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Régénérer sa pelouse en mini-prairie

29 mai 2023
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Par l'équipe Nouveaux voisins

Il faut savoir qu’encourager la succession végétale d’une pelouse vers son prochain stade logique, une prairie, est une bonne manière de soutenir la biodiversité. En plus, une prairie, avec ces multiples fleurs et ses grandes graminées, c’est ravissant — en tout cas, plus excitante que du gazon! 

Voici comment en faire une chez vous!

Étapes pour implanter une mini-prairie :

1. Choisir le site

Une prairie a besoin de soleil pour s’épanouir. Commencez par identifier un endroit qui bénéficie d’un ensoleillement d'environ 6 heures par jour. Évitez les sites ombragés ainsi que ceux avec des pentes très accentuées - ça reste possible en adaptant les végétaux, mais c'est plus compliqué! Faites-ça simple!

2. Identifier le type de sol existant

Une prairie peut être aménagée dans plusieurs types de sol, qu’ils soient davantage argileux, sablonneux ou limoneux. L’important est d’identifier sa composition pour pouvoir choisir les végétaux qui sauront s’y adapter. Voici une manière simple de savoir quel type de sol se trouve sur votre terrain : 

  • creusez environ un pied et prenez une poignée du sol qui se trouve au fond du trou;
  • compressant l’échantillon dans votre main, si le sol forme une boule qui se tient fermement ensemble, cela est un indicateur d’un sol argileux;
  • si la boule se tient tout en étant un peu friable, cela est un indicateur d’un sol limoneux;
  • ou bien s’il est impossible de former une boule, car le sol se désagrège, cela est un indicateur d’un sol sablonneux.

3. Sélectionner la communauté végétale accueillir sur le site

Selon le type de sol, son niveau d’humidité et la hauteur souhaitée pour la mini-prairie, il sera possible de choisir parmi des mélanges de semences commercialisées au Québec — voir liste de fournisseurs de semence plus bas. Il est important de connaître la superficie de l’espace que vous souhaitez transformer, pour calculer la quantité de semences à acheter.

4. Préparer le site

Pour donner l’opportunité aux plantes de prairie de s’installer convenablement, il est important de s’assurer qu’il n’y a pas d’autres végétaux pouvant leur faire compétition. Dépendant des ressources et du temps à votre disposition, plusieurs techniques sont envisageables :

BÂCHAGE

  • Si vous avez du temps et peu de ressource, il est recommandé de simplement couvrir la zone ciblée pour la prairie d’un matériel qui obstrue complètement la lumière (bâche en plastique, morceaux de contreplaqué, toile d’occultation, etc.). Pour les petits espaces, deux épaisseurs de bâches imperméables (le soleil ne doit pas passer) ou des contreplaqués pourront faire l’affaire. Pour les grands espaces, on recommande de se procurer ou d’emprunter une toile d’occultation.
  • Cette barrière devrait être installée sur une végétation qui a été coupée aussi court que possible. Il est souhaitable de la laisser en place dès le printemps jusqu’à l’automne 9 (minimum 60 jours en haut de 15 degrés Celsius), afin d’éliminer la végétation existante au sol. Certaines espèces sont plus difficiles à éliminer que d’autres. À terme, soulevez la bâche et voyez si la terre est à nue. Si c’est le cas, le sol est prêt à recevoir les semences, sinon on peut arracher ce qui reste ou attendre davantage.
  • Si votre pelouse est déjà colonisée par les espèces agressives suivantes : chiendent (Elymus repens), la digitaire (Digitaria sanguinalis), la moutarde (Sinapis alba), auront tendance à envahir davantage sans tonte. Si des espèces problématiques sont présentes, privilégiez le bâchage — votre patience sera récompensée.

DÉTOURBAGE

Si vous avez un espace gazonné, peu de temps et accès à une détourbeuse, il est recommandé de détourber complètement la surface à régénérer en enlevant les premiers 50mm de sol (2") à l'aide d'une détourbeuse à gaz ou encore manuellement. Les tapis de tourbe qui seront générés par votre ouvrage peuvent être déposés en tas à quelques part de discret sur le terrain et couverts d’une bâche pour être décomposés, ou encore envoyés à l’écocentre (faite attention aux suspensions de votre voiture-c'est lourd!).

ROTOCULTAGE

Méthode la moins douce et plus intensive en ressources et énergie.

Si vous avez accès à un rotoculteur, on peut l’utiliser pour détruire la pelouse ou la végétation existantes. Cette opération doit être effectuée plusieurs fois puisque les végétaux qui auront été déchiquetés vont repousser quelques jours après le passage.

Il est important de rotoculteur dès que les plants commencent à sortir de terre et ont moins de 5 cm, afin d’éviter que les nouvelles feuilles permettent aux plants de reprendre des forces. Il faut effectuer ce travail plusieurs fois, jusqu’à tant que les végétaux soient épuisés et qu’il n’y ait plus de nouvelles feuilles/pousses qui émergent de terre.

SCARIFICATION

Méthode la plus douce pour le sol qui mime les perturbations naturelles du passage de la faune sur le sol.

  • Couper à ras le gazon. Si vous avez accès à un rotoculteur, vous pouvez l’utiliser pour passer superficiellement sur la surface du sol. Vous pouvez aussi utiliser tout outil qui fait l’effet d’une griffe sur le sol (trois dents, râteau, pique) pour effectuer le même travail avec beaucoup plus de jus de bras! Pour votre dos, privilégier le rotoculteur si vous avez une grande surface à scarifier.
  • Cette approche étant plus douce, la végétation existante restera présente, on vient simplement introduire plus d’espèces en son sein. Si la pelouse est infestée de chiendent ou d’autres espèces envahissantes, cette technique est déconseillée, car moins efficace.

5. Semer

Pour semer les mélanges choisis, choisissez un moment pendant lequel le sol est sec et effectuez deux passages à la volée (à la main), un d’est en ouest avec la première moitié des semences, et l’autre du sud au nord avec l’autre moitié, afin de bien couvrir l’ensemble de la zone visée.

6. Gérer

La prairie aura besoin de vous pour les premières années afin de bien s’établir, mais elle vous donnera tellement en retour!

  • Première et deuxième année : assurez-vous que le sol est assez humide pour permettre la germination et le développement des plantes. Faites un repérage et le désherbage des plantes adventices opportunistes (voir espèces susmentionnées).
  • À long terme : mettez en place une stratégie de fauche pour empêcher sa succession vers un boisé, tout en s’assurant la reproduction des plantes en évitant de faucher avant que les graines de certaines plantes se soient formées. Éliminer/compostez la matière organique générée par la tonte ou la fauche du site afin de maintenir les bonnes conditions pour la prairie : plus le sol est enrichi, plus il favorise les graminées; plus le sol sera pauvre en nutriments, plus les vivaces et annuelles à fleurs de prairie prospèrent.

Autres alternatives pour les personnes super bonnes avec l’identification des végétaux :

  • Il est possible de laisser une pelouse évoluer par elle-même en laissant la nature suivre son cours — mais cette approche demande une excellente connaissance des végétaux pour éviter les dérapages qui mènent quelques commentaires des voisins… 
  • L’état initial de votre pelouse influencera grandement le résultat esthétique à court terme. Une pelouse déjà colonisée par des espèces agressives comme le chiendent (Elymus repens), la digitaire (Digitaria sanguinalis), la moutarde (Sinapis alba), aura tendance à être envahie davantage par ses espèces sans tonte. Si des espèces problématiques sont présentes, privilégiez le bâchage — la patience en vaudra la peine.
  • Si on choisit cette voie, il est primordial de surveiller le développement de la communauté végétale et de ralentir par désherbage sélectif les espèces non désirables qui pourraient mettre en péril la balance écologique — et esthétique — de votre mini-prairie.

Mise en garde!

Prendre soin d’une prairie est moins intensif et exigent que pour un jardin conventionnel ou même une pelouse, mais certaines interventions sont toutefois nécessaires — il faut rester alerte! Il est primordial de surveiller le développement d’espèces indésirables dans votre prairie (herbes à poux, pousse d’arbres, chardon, etc.).

Conseils esthétiques pour l’accessibilité sociale

Certains milieux sont moins accueillants face à ce genre d’intervention, surtout en cour avant. Afin d’aider à l’accessibilité sociale et l’appréciation esthétique de votre prairie, on doit sentir que vous en prenez soin, que cet aménagement est désiré.

Pour ce faire, voici quelques astuces :

  • tondre minimalement une largeur de tondeuse aux abords des chemins et du trottoir ;
  • installer une œuvre d’art ou une installation architecturale au centre de votre prairie ;
  • installer un bain d’oiseau visible ;
  • installer un écriteau ou un petit panneau pour expliquer votre intention avec votre prairie ;
  • tondre un chemin qui passe à travers l’espace (ce qui peut être intéressant aussi pour vous pour que vous puissiez continuer de pratiquer l’espace!).

Fournisseurs de semences indigènes pour pré fleuri

Il existe une panoplie de mélange commercialisé pour vous aider à établir une prairie. Voici quelques points importants à avoir en tête lors de votre magasinage :

  • Nous parlons ici de prairie, car pour nous c’est l’habitat à atteindre, mais vous trouverez souvent les mélanges de semences plus esthétiques et colorés commercialisés sous le nom de « pré-fleuri ».
  • Porter attention au type de mélanges: certains sont faits d’espèces annuelles. Pour une prairie qu’on établit à long terme, privilégiez les mélanges avec une majorité d’espèces vivaces. Les mix annuels peuvent être utilisés la première année en complémentarité avec le mélange d’espèces vivace pour compétitionner avec les plantes indésirables.
  • Notez que les indications que l’on vous donne dans ce billet sont à titre général et que certains fournisseurs fournissent des spécifications pour l’utilisation de leur mélange. Connaissant mieux leur produit que quiconque, nous vous encourageons à suivre celles-ci en premier lieu si c’est le cas!

Suggestions

Pépinière Aiglon Indigo

Gloco (Herbionik)

Groupe Richer